L’approvisionnement régulier et sécuritaire en eau potable a toujours été un enjeu majeur pour les élus municipaux. Le modèle encore très artisanal qui voit les habitants aller puiser leur eau directement au fleuve ou dans les rivières qui serpentent la ville connaît un premier frein en 1842. L’adoption du règlement 70 vient interdire aux « porteurs d’eau » d’aller s’approvisionner au fleuve pour les rediriger vers les points de distribution récemment mis en service par la Water Works Company.
Poursuivant son programme d’accès à une eau propre à la consommation, la Ville de Montréal lance un chantier de grande envergure peu de temps après : la construction de l’aqueduc de Montréal (1853-1856). S’ensuit l’adoption en décembre 1857 du règlement 256 « Règlement du conseil de la Ville de Montréal pour établir un tarif de taux pour l’eau fournie au moyen de l’aqueduc de Montréal ». Des amendements réglementaires sur les taux seront adoptés périodiquement. En 1863, le règlement 289 stipule que la taxe d’eau sera payable le quinzième jour du mois d’août de chaque année, au bureau de l’Aqueduc sis à l’hôtel de ville, et il précise que le mot « occupant » désigne également tous les locataires desservis par le service de l’aqueduc.
Pendant plus d’un siècle, tous les Montréalais ont été tenus de payer une taxe en guise de compensation pour leur consommation d’eau. La période des déménagements terminée, les fonctionnaires municipaux procédaient à un recensement de tous les occupants de chaque immeuble (propriétaires et locataires). Ce travail s’étirait de juin à juillet. On y notait l’adresse, l’occupation ainsi que le coût du loyer (que ce soit un logement ou un local commercial). La taxe d’eau était calculée sur le coût du loyer, d’où « valeur locative », l’absence de compteurs ne permettant pas de taxer selon la consommation réelle. Dès le début du siècle, la règle veut que la facture soit expédiée en août pour être acquittée le premier jour de septembre Ce recensement servait en outre à dresser la liste électorale. Le classement de cette information se faisait par district électoral et prenait la forme de cahiers qu’on en vint rapidement à appeler les « feuilles de route ».
L’élection du 9 novembre 1986 porte au pouvoir le parti Rassemblement des citoyens de Montréal (RCM) dirigé par le maire Jean Doré. À cette période, la taxe d’eau n’est plus modulée selon le coût du loyer mais uniformisée à 60$ par logement. L’un des engagements du RCM pendant la campagne électorale de 1986 est d’abolir cette fameuse taxe. La position du RCM est que l’accès à l’eau potable doit être considéré comme un service essentiel qui ne devrait pas être monnayé. En décembre 1986, le budget d’opérations pour l’année 1987 est adopté. La taxe d’eau applicable à tous les logements montréalais ne figure plus dans la colonne des comptes à recevoir. Cette décision clôt un chapitre de l’histoire de Montréal.
La série contient les registres, ou feuilles de route, produits annuellement en prévision de l’envoi du compte de taxes pour l’eau. La série des registres qui recense tous les occupants (propriétaires et locataires) se termine en 1982.
Les registres papier couvrent les années 1856 à 1892 et 1980 à 1988.